Tu es magister in Israel, et haec ignoras ?
Saint Jean, III.10
La gloria di Colui che tutto move, per l’ universo penetra, e risplende in una parte più e meno altrove.
Nel ciel che più della sua luce prende fu’ io, e vidi cose che ridire né sa, né puo chi di là sù discende ;
perché appressando sé al suo disire, nostro intelletto si profonda tanto, che dietro la memoria non può ire. |
0 voi che siete in piccioletta barca, desiderosi d’ ascoltar, seguiti dietro al mio legno che cantando varca,
tornate a riveder li vostri liti ! Non vi mettete in pelago, ché forse, perdendo me, rimarreste smarriti.
L’ acqua ch’ io prendo, già mai non si corse ; Minerva spira, e conducemi Apollo, e nove Muse mi dimostran l’ Orse. |
Divine Comédie, Paradis, début des chants I & II
Il est facile de se rendre compte que, dans les textes sacrés, ou plutôt tout simplement dans les textes véritablement traditionnels, il est constamment question de Connaissance, de Sagesse, d’Intelligence ; et c’est ainsi que, chez certains Pères de l’Église, on trouve le mot «Gnose» pris dans son vrai sens, celui de «connaissance pure», ce qui en fait d’ailleurs un parfait équivalent du terme sanskrit Jnâna.
C’est là quelque chose qui n’a évidemment rien à voir avec le «gnosticisme», sorte de déformation grecque d’idées orientales incomprises, quoiqu’à vrai dire on ne sache pas grand chose de toutes les choses fort disparates qu’on range sous ce vocable ; mais il y a des mots qui sont toujours d’un effet sûr quand il s’agit d’impressionner certains esprits et, dans certains milieux, la confusion entre cette mixture hétéroclite qui s’appelle (ou s’est appelée) le gnosticisme avec la Gnose, au sens propre et étymologique de ce mot, n’est manifestement souvent qu’un procédé destiné à frapper de suspicion la véritable intellectualité ; il en va là comme pour d’autres étiquettes plus ou moins injurieuses qu’on applique indistinctement à tout ce qu’on déteste à tort ou à raison, comme si ces sortes d’ épouvantails avaient le pouvoir de tenir lieu d’argument et de dispenser de toute discussion.
Maintenant, il y a longtemps qu’ en Occident, en fait de connaissance, on est habitué à ne rien envisager en dehors du domaine scientifique et rationnel, et il est plus ou moins entendu que, en dehors de la raison, il n’y a plus de place que pour la sentimentalité et le «mysticisme». Il est facile de se rendre compte, par exemple, que le «coeur», traditionnellement symbole du centre de l’être, point de contact de l’individu avec l’Universel, lieu de sa communication avec l’Intelligence divine elle-même, n’est plus guère aujourd’hui considéré que comme le siège de l’affectivité. Il est loin le temps des Pères grecs, celui d’un saint Pierre Damien, d’un saint Bernard, d’un Dante même ; aujourd’hui, il semble décidément ne plus rester que des «guides aveugles», et les «autorités», les «instructeurs spirituels», ce ne sont plus guère que des psychologues, des enfants, de soi-disant «clairvoyants», des possesseurs de facultés quelconques sortant plus ou moins de l’ordinaire, voir même parfois des sortes de «médiums», c’est à dire des individus éminemment «suggestibles», n’importe qui en fait «sujet» à des «expériences mystiques», à des «visions» ou autres «phénomènes», sans parler des déclamations sentimentales tout à fait illusoires, toutes choses qui ne valent assurément rien sous le rapport de la connaissance véritable, celle des principes transcendants et, s’il n’y avait que cela, mieux vaudrait en somme dire qu’il n’y a pas de spiritualité du tout ; mais qui donc comprend encore que, dans leur essence et dans leur réalité profonde, intellectualité et spiritualité ne sont absolument qu’une seule et même chose sous deux noms différents ?
Certes, la «Gnose», entendue au sens propre, n’est guère compatible avec «l’idéal démocratique et égalitaire», car elle est un peu plus difficile d’accès que l’instruction profane, et évidemment hors d’atteinte d’un «idéal» qui consiste, non pas à élever l’inférieur dans la mesure où il en est capable, mais au contraire à abaisser le supérieur à son niveau. Sans parler de la compréhension simplement théorique, qui n’est pas non plus «à la portée de tout le monde», surtout à notre époque, il devrait être à peine besoin de dire que la vraie connaissance n’est accessible qu’au prix d’efforts dont bien peu d’hommes sont capables, et toutes les déformations sentimentales des doctrines traditionnelles n’y pourront jamais rien, non plus que la haine qu’éprouvent certains face à ce qui dépasse leurs facultés actuelles de compréhension, ou qui dépasse simplement le niveau «moyen», pour ne rien dire des dénégations de ceux qui, enfermés dans leurs idées préconçues, ne doutent pas un seul instant que le monde ne soit strictement limité à la mesure de leurs conceptions ; car il arrive malheureusement trop souvent que, sous l’emprise de certaines suggestions, ceux qui croient combattre le diable, quelque idée qu’ils s’en fassent d’ailleurs, se trouvent tout simplement, sans s’en douter le moins du monde, transformés en ses meilleurs serviteurs.
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